Après un début de saison duquel il fut quasiment absent (49 minutes disputéeslors du premier bloc), le troisième-ligne enchaîne ce soir une deuxième titularisation en l’espace d’une semaine. Le temps de se mettre en route, une nouvelle fois.
« Depuis que je suis revenu ici, les débuts se ressemblent un peu. Je ne rends pas les meilleures copies lors des 3-4 premiers matchs. Va savoir pourquoi… Peut-être qu’une fois que j’ai trouvé ma place, mon utilité dans l’équipe, et que j’arrive à jouer sur mes points forts, je reprends confiance et après, c’est parti pour une nouvelle saison ». Cette analyse, Alexis Driollet aurait pu la donner aujourd’hui. Sauf qu’elle date du 22 octobre… 2014. Comme un syndrome de début de saison. Après une performance landaise illustrée par une feuille de statistiques qui rend parfaitement compte de son hyperactivité – 19 plaquages et 15 déblayages en une heure de jeu à peine -, le troisième-ligne enchaînera une deuxième titularisation consécutive, à l’heure où une équipe type peine à se dégager. « Oui, c’est agréable, mais j’espère que ce n’est que le début. Je ne veux pas jouer pour jouer. Je veux jouer pour faire progresser le « truc », pour faire avancer les choses. Je suis bien conscient que contre Dax je n’ai pas traversé le terrain, et que j’aspire à beaucoup mieux », explique-t-il.
« On ne prête qu’aux riches »
Aux côtés de l’inamovible Bornman et de l’autre ancien, Longépée, Driollet formera la troisième ligne du Provence Rugby face à Montauban. Une rencontre déjà capitale, avec une quatorzième place qui sanctionne un début de saison orné d’une seule petite victoire, face à Biarritz : « Je te mens si je te dis que la situation ne m’inquiète pas. Bien sûr qu’elle m’inquiète. Parce qu’il y a des matchs qui semblaient être à notre portée et qu’on n’a pas su remporter, faute de maîtrise. Oui, je suis inquiet mais cette inquiétude doit nous servir à nous mettre en colère », admet-il avec cette lucidité qui le caractérise. Avant d’aller un peu plus loin dans l’état des lieux : « Comme on dit : « on ne prête qu’aux riches. Plus tu es riche, plus tu réussi ». Quand on est dans un cercle vicieux, c’est compliqué d’inverser la tendance, mais une fois qu’elle est inversée… Moi, je crois en tous ces joueurs, il n’y a pas un tricheur dans cette équipe. Il n’y a que des bons mecs et des bons joueurs de rugby. Il faut juste qu’on croit un peu plus en nous ».
Croire en soi. Être déterminé. « Drioll’ » se veut rassembleur. Et pragmatique. Tout ce qu’il a manqué à Dax, finalement : « les conséquences d’une défaite face à Montauban ? Bien sûr que je les imagine. Mais je veux que ce qui relève de l’imaginaire le reste. Que ça puisse nous servir de moteur pour justement ne pas avoir à vivre ces choses-là ». Limpide, l’analyse. Le problème, c’est qu’en face Montauban se pointe à Maurice-David avec un argument de taille : sa paire de centres, douée et très complémentaire, avec le puissant Néo-Zélandais Tupuola et le très joueur Juan Mangione, à Chambéry la saison dernière, et qui croyait bien avoir éliminé les Noirs avec son essai inscrit en demi-finale aller du Jean Prat. Du travail en perspective, donc, pour Driollet et ses coéquipiers de la troisième ligne. Avec une mission : plaquer, encore et toujours. Ce sur quoi a insisté Christian Labit cette semaine, qui déplorait l’absence de ballons récupérés pendant les 80 minutes disputées à Dax.
« Un inquiet qui essaye de s’ignorer »
Le Provence Rugby compte, avec Alexis Driollet, un joueur certes d’expérience – « mais je suis de ceux qui pensent que c’est uniquement la performance qui doit entrer en ligne de compte. Que le meilleur joue » – mais toujours aussi bouillonnant à l’intérieur. Et à écouter l’ex-Grenoblois, ce qui n’est jamais désagréable lorsqu’il parle de rugby, on est finalement à dix mille lieues de l’impression détachée qu’il peut dégager quand le dialogue s’ouvre. Et il le reconnait volontiers d’ailleurs : « c’est une manière pour moi de me protéger : je suis un passionné, il suffit d’une étincelle pour que je m’enflamme donc je préfère réfréner mes ardeurs ou mes paroles, au risque de passer pour un type détaché. J’ai cette espèce de volcan en moi qui ne doit exploser que sur le terrain ». La sagesse de la trentaine certainement. A l’heure où le Provence Rugby essaye de se faire respecter en Pro D2, il possède en tout cas en Alexis Driollet un fabuleux soldat « qui ne trichera jamais ». Et un soldat philosophe, en plus : « Je suis très attaché à ce club de rugby là (le Provence Rugby), mais je sais aussi que toutes les choses ont une fin. J’espère qu’elle arrivera le plus tard possible et tant que je serai performant j’aurais mon mot à dire ici. Mais je sais aussi que dans la vie, il faut relativiser sinon on devient fou. Et je n’ai pas envie de devenir fou. Quitte à passer pour un je-m’en-foutiste alors que je ne suis qu’un inquiet qui essaye de s’ignorer ».
Il y a un an tout rond, le Provence Rugby avait lui aussi définitivement lancé sa saison et trouvé un véritable déclic, cette victoire obtenue à Auch, avec un Alexis Driollet y jouant un rôle essentiel. Rebelote en 2015/2016 ? Le loyal Driollet semble en tout cas lancé.