A la sortie de l’entraînement, Marc Delpoux a répondu aux questions de La Provence, mais aussi aux nôtres. Calme, serein, il parle d’une fin de saison qui s’annonce encore « longue, sinueuse« , et dont son équipe sortira gagnante uniquement par le jeu. Le coach a aussi causé tactique lorsque nous avons voulu connaître son avis sur la prestation de Sonny Cecot lors du dernier match. Et c’est très intéressant. Interview.
Demain Bourgoin, peut-on dire que c’est le vrai tournant de cette fin de championnat ?
(rire) Depuis 30 matchs c’est le tournant ! Oui, c’est sûr que c’est une route longue et sinueuse que nous avons empruntée depuis de nombreux mois. Plus on avance, et plus le virage est serré et dangereux. La chance que nous avons eu lorsque Dax a perdu à domicile pendant que nous perdions ici contre Mont-de-Marsan, ne va pas se reproduire. Il va falloir réussir ce match contre cette équipe (Bourgoin) qui est très ambitieuse, et qui a le droit de l’être après avoir été très très impressionnante lors de ses deux derniers déplacements (victoire à Albi 41-17 et défaite à Biarritz 26-25).
Vous n’êtes pas épargné par les blessures en ce moment…
Oui mais ce n’est ni du hasard, ni de la malchance. On arrive au bout d’un championnat à 30 matchs, c’est très long. Avec un effectif qui, au départ, peut paraître pléthorique mais vu le nombre de forfaits auquel nous avons dû faire face, il (l’effectif) a été très pénalisé. Il y a aussi des joueurs qui arrivent de Fédérale 1 et qui ont du mal à enchaîner. Encore aujourd’hui (hier), on a trois joueurs qui se plaignent de petits pépins physiques. Ajoutés aux trois blessures graves de vendredi, on voit que notre effectif arrive à bout de souffle.
« les autres exploseront comme des pop-corn »
Qu’est-ce qui va faire la différence dans ce sprint final ?
Le mental. Je l’ai dit aux joueurs. Ça va craquer de partout : Dax, nous, peut-être Carcassonne… Ce sont les équipes qui resteront les plus soudées jusqu’au bout qui s’en sortiront. Les autres exploseront comme des pop-corn. C’est l’équipe qui restera la plus concentrée jusqu’à la fin, après ces 5 matchs très compliqués, qui sera encore en Pro D2 l’an prochain.
L’équipe joue bien depuis quelques matchs. Avez-vous songé à réduire la voilure ?
Pas du tout. Si on réduit la voilure, où va-t-on trouver nos forces ? Sur l’individualité qui va passer ? On ne l’a pas. Sur la force physique ? Les autres sont plus forts que nous. Sur la puissance ? Idem. Sur la conquête ? En mêlée on n’est pas trop mal mais Ousmane (Ndiaye) est pratiquement forfait pour demain (aujourd’hui). Les autres seront plus forts que nous. Donc, en plus, si on ne joue pas ? Qu’est-ce qui nous reste ? Donc au contraire. Nous sommes une équipe qui joue beaucoup mais aujourd’hui, c’est notre seul arme. C’est sûr que si nous avions 2-3 « match-winner » avec nous, ça serait un peu plus facile. C’est vrai qu’on joue beaucoup, qu’on joue bien, qu’on déséquilibre beaucoup nos adversaires, mais à un moment donné, il nous manque quelque chose.
« L’ouverture viendra d’elle-même »
Quel regard portez-vous sur la première titularisation en Pro D2 de Sonny Cecot la semaine dernière ?
Il ne faut pas qu’il rentre en ébullition trop vite. Quand ces jeunes joueurs démarrent, on ne regarde que le positif, et beaucoup moins le négatif. Et puis quand on rentre vraiment dans le match, on voit qu’il y a beaucoup de déchets aussi. Le risque pour eux, c’est de ne visualiser que les côtés positifs. Maintenant, il va commencer à être regarder. Je prends l’exemple de Lucas Caneda. Il est passé deux fois sur des « cassures » et ça fait deux matchs qu’à chaque fois qu’il se lance, tout se referme. La difficulté, elle est là. Donc bravo à Sonny pour son match à Colomiers mais je lui ai demandé de rester le plus propre, le plus longtemps possible.
Qu’est-ce qu’il vous apporte en plus ?
Il est resté dans le projet de jeu, il a mis beaucoup de vitesse dans les éjections de ballons. C’est quelque chose auquel je suis attaché. Pour que notre jeu soit en place et efficace, il faut que les ballons sortent vite des regroupements. Pour qu’ils sortent vite, il y a deux axes de travail : le travail du porteur de balle et des soutiens, souvent nous ne sommes pas assez efficaces là-dessus et ce sera un secteur à améliorer l’année prochaine, et après que le 9 soit éjecteur. C’est ce que je lui dis. Je veux qu’il soit propre, qu’il soit éjecteur. Il ne faut pas qu’on cherche l’ouverture. L’ouverture viendra d’elle-même. Elle s’est présentée toute seule à Sonny face à Colomiers, il a récupéré le ballon et elle était là. Mais ça ne se cherche pas, ça ne se provoque pas. Il faut distribuer, distribuer, distribuer… Et à un moment donné, le coup de couteau arrive toujours.