Avant chaque match à domicile, Jean-Luc Chovelon* livre sa Chronique de l’Ancien. Une chronique placée sous le signe de la nostalgie à venir … à l’aube de ce dernier jour classe pour les Noirs !
Dernier jour de classe
Ultime jour d’école et, c’est sûr, le club aixois va redoubler. Contrairement à ce qu’on a pu vivre dans notre enfance, la nouvelle est plutôt bonne. Repartir en Pro D2 fait le bonheur du club et des supporters, évidemment, même si, en ce cas très précis, la sagesse dicte ici sa loi à l’ambition. En accueillant pour le dernier jour de classe une équipe de Colomiers elle aussi libérée des exigences du maintien, on aimerait une fête.
Un match du dimanche après-midi comme un clin d’oeil au passé, le soleil printanier revenu, une effluve de grillades dans l’air et ce pincement au coeur de devoir abandonner le rituel du match du weekend pour plusieurs mois. Sans compter que nous allons devoir nous contenter d’assister, passifs, à un autre match, celui de la construction de la prochaine équipe, non sans s’enfiler quelques gorgeons pour trouver les arguments de nos espérances : une équipe aixoise plus vite, plus haute, plus forte.
« De passes sur un pas, de tampons dévastateurs »
Mais ça, c’est un autre match, un autre défi. Pas de celui qui m’intéresse, je vous l’avoue, j’ai le jeu de rugby en perfusion, pas celui du Monopoly, aujourd’hui inévitable pour les décideurs. Alors, cet après-midi, on va se remplir la sacoche de mêlées conquérantes, de passes sur un pas, de tampons dévastateurs, de contre-attaques au long cours, de feintes de facteurs, d’essais du bout du monde… On va faire le plein de victuailles parce que l’hiver, ou plutôt l’été, s’annonce long.
On va convoquer nos souvenirs de la saison pour les ranger dans l’armoire aux délices, on va essayer de leur trouver une place entre la poire et le fromage. On va dompter la torpeur de l’inassouvissement supportarial qui s’abat sur nous comme la canicule sur les ours polaires. On va gérer notre peur du vide en regardant du coin de l’oeil d’autres matchs, d’autres équipes en quête de prolongations de leurs saisons, avec le rugby parfois plus affirmé mais avec le maillot un peu moins noir. On va attendre que la parenthèse s’ouvre à nouveau.
Avant de faire une petit sieste qui pourrait durer tout le printemps et une bonne partie de l’été, on va ranger nos habitudes et on va aiguiser nos passions. On va croquer les prochains mois gorgés de soleil avec un appétit féroce, on va s’extasier sur toutes les premières gorgées de bière et autres plaisirs majuscules, on va faire que le temps passe plus vite que son ombre.
Et on va attendre avec empressement la prochaine rentrée des classes.