Provence Rugby 17 – 15 Bayonne. Pelouse humide. Temps agréable. 3900 spectateurs. Score à la mi-temps : 8 – 9. Arbitre : Mathieu Noirot. Pour Provence Rugby : 1 essai (Cestaro 33′), 4 pénalités (Swanepoel 4′, 48′, 63′, 67′). Pour Bayonne : 5 pénalités (25′, 37′, 40′, 43′, 44′). Carton jaune : Lovobalavu (62′) pour Bayonne.
Le contexte
Cinq défaites de rang, du changement au sein de l’encadrement, une équipe bien engluée dans la zone de relégation, la situation du Provence Rugby au moment de recevoir Bayonne n’inspire pas vraiment la sérénité. De leurs côtés, les Baques n’ont perdu qu’une fois lors des 6 derniers matchs, sur le terrain de Lyon. C’est dire si, après des débuts couci-couça, les ex-pensionnaires du Top 14 semblent avoir trouvé leur rythme de croisière. A l’aube d’une trêve de 15 jours, Vincent Etcheto, aux commandes de l’Aviron Bayonnais, n’a évidemment pas ménagé ses troupes. Et c’est son équipe type qui est alignée. Mis à part, peut-être, son meilleur réalisateur Martin Bustos Moyano.
Le scenario
Transfigurés. Est-ce la mouche Delpoux qui les a piqués ? Toujours est-il que le travail fourni avec Patrick Pezery cette semaine a payé. Impeccables dans la conservation du ballon, féroces dans les rucks, intraitables aux plaquages, plus disciplinés qu’à l’habitude, les Noirs ont fourni une prestation de très haut niveau qui leur permet de venir à bout d’une équipe bayonnaise deuxième au classement.
Devant un stade plein, les Noirs ont construit leur succès en privant les visiteurs de ballon. En première mi-temps, les partenaires de Jannie Bornman avançaient pas à pas et gagnaient du terrain à chaque fois. Et leur audace a payé. Alors qu’ils avaient une pénalité dans les 22 adverses, ils choisissaient la penaltouche (30′). Dans la continuité de l’action, les avants pilonnent. Au large, Cestaro est seul et inscrit son premier essai sous les couleurs provençales. Dans un enthousiasme ambiant qui a vraiment fait chaud au coeur.
Malheureusement, les points au pied laissés en route (11 par un Riaan Swanepoel qui butait pour la première fois cette saison) se payent cash en fin de première mi-temps. Du Plessis permet aux Bayonnais de regagner les vestiaires en tête au tableau d’affichage, sans qu’ils aient vu la couleur des 22 mètres aixois… 8 à 9 à la mi-temps.
Au retour des citrons, les Noirs conservent le tempo, s’arrachent sur tous les ballons, démontrent de nets progrès en touche et en mêlée, Swanepoel a réglé la mire et seul le jeu au pied de Du Plessis pose des problèmes aux Noirs. Et permet aux Bayonnais d’espérer. Malheureusement pour lui, dans le brouhaha ambiant, son dernier coup de pied face aux perches (81′), depuis son camp, rate la cible. Et le Provence Rugby l’emporte pour la première fois depuis le 30 octobre dernier et une victoire sur Carcassonne.
Les Noirs sont récompensés de leur match plein. Les spectateurs sont en fusion et peuvent exprimer la frustration emmagasinée depuis quelques matchs. Voilà une excellente base de travail pour repartir du bon pied en 2016.
Un homme dans le match Robin Clément
Absent des feuilles de match depuis le début de saison, Robin Clément (photo ci-dessus) se voyait offrir une première titularisation qui n’avait rien d’un cadeau (de Noël). Face à des Bayonnais qui ont l’habitude d’imprimer un rythme d’enfer, le joueur formé au club, au courage, a disputé les 80 minutes de la partie. S’il a joué plutôt simplement, Clément a su parfaitement « coller » au ballon et son entente avec ses trois-quarts a été étonnante. Toujours au service du jeu et de ses partenaires, le demi-de-mêlée aixois a su profiter des absences pour démontrer que l’équipe pouvait compter sur lui.
Les conséquences
C’est simple, tout le monde a gagné. Les équipes de bas de tableau se sont rebellées et si cet exploit face à l’Aviron Bayonnais ne permet pas aux Provençaux de sortir de la zone rouge, il ne fallait surtout pas manquer le train (à grande vitesse) d’une Pro D2 toujours plus homogène. Sans cet exploit, c’est une dizaine de points de retard qu’aurait pu compter le Provence Rugby sur le premier non-relégable ce soir. Si cette victoire est comptablement très importante, elle est psychologiquement capitale.
La réaction
Marc Delpoux : « En termes de construction, la première mi-temps est superbe »
Marc Delpoux (consultant Provence Rugby) : « Je ne veux pas juger, je ne veux pas savoir si l’équipe est transfigurée, je n’ai pas vu les matchs précédents… Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’on va faire maintenant. J’ai remercié les joueurs pour l’accueil qu’ils m’avaient réservé puisque cette confiance qu’il me donne, je l’ai vue sur le terrain. Il ne faut jamais oublier pourquoi le Provence Rugby est en Pro D2 : parce qu’il y a des gens qui ont travaillé avant moi. J’ai une pensée aujourd’hui pour Christian (Labit). J’ai dis que je travaillerais différemment de lui : c’est pas mieux, c’est pas moins bien, c’est juste différent. Les joueurs ont adhéré au discours et l’ont retranscrit, surtout en première mi-temps. En termes de construction, la première mi-temps est superbe, même si elle a manqué un tout petit peu d’alternance. Et le fait d’avoir tenu le ballon, Bayonne ne l’a pas eu. C’est une équipe qui marque beaucoup d’essais et qui n’en a pas marqué aujourd’hui. C’est une victoire symbole, à quelques jours de Noël, mais la route sera encore très longue. Si la dernière pénalité passe, on aurait encore perdu des points sur nos concurrents directs, qui ont tous gagné, et ce n’est pas passé loin. Donc ne nous emballons pas. Maintenant, les joueurs devront bien se reposer parce que je leur ai promis l’enfer le 4 janvier (sourire) ».